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Quand j’étais môme et que ma bonne vieille Félicie m’emmenait en vacances à la montagne, dans le Jura, j’adorais fureter du côté de la scierie. J’ai toujours aimé l’odeur du bois fraîchement coupé et le grincement plaintif des scies mécaniques mordant le sapin… Non, ne croyez pas que je cherche à vous pondre de la Haute Littérature, ni que le bucolique (néphrétique) soit à l’ordre du jour, car je vous jure que cette passion de mon enfance, je l’ai perdue… A tout jamais… Car présentement, je me trouve lié sur une de ces scies qui faisaient mon admiration… Et c’est moi qui fais le rondin. La lame se trouve très exactement à 1 mm de mon buste et je ne dispose plus que d’un centième de seconde pour agir… C’est ce qui s’appelle avoir du pain sur la planche.
Moi, vous me connaissez? Je n’ai jamais eu peur de rien1 J’ai entendu siffler pas mal de balles à mes oreilles… Il m’est mème arrivé de ne pas les entendre passer pour la bonne raison que je les avais interceptées au vol… Je me suis bagarré avec des typesplus colosses que celui de l’île de Rhodes, j’ai pris des gnons… sans jamais connaître le sentiment de la peur. On m’a fait le coup de la baignoire, celui de la scie à métaux sur le tibia, les allumettes enflammées sous les ongles, la cigarette écrasée sur la joue, et toujours sans m’arracher un cri ni un mot. C’est à peine si je perdais le sourire. Et pourtant… aujourd’hui, » J’ai peur des mouches « … Ces minuscules diptères me terrorisent, car dans la contrée où je suis, elles véhiculent la mort… La plus atroce des morts.