On ne peut jamais prévoir la réaction des gens ! Je vous prends à témoin, mes amis : si vous receviez par la poste 20 000 000 A.F. signés anonyme, quelle serait votre réaction? J'en connais qui les convertiraient aussitôt en bons du Trésor..., d'autres qui s'offriraient illico une douzaine de danseuses..., d'autres encore qui se feraient construire un coquet pavillon à Créteil... Eh bien, le bonhomme qui vient d'entrer dans mon burlingue est d'un genre différent, lui : il veut porter plainte ! Comme dit Bérurier : "Une telle honnêteté, c'est pas honnête !"
Ouvrages
L'histoire qui est racontée ici est rigoureusement vraie. Je n'y ai pas changé une virgule. J'ai seulement modifié les événements, déformé les faits, interverti les situations, débaptisé les personnages et déplacé l'action. J'ai également pris des libertés avec le lecteur, le vocabulaire de l'affabulation. Oui, j'ai fait tout cela. Mais, parole d'homme, je n'ai pas changé une virgule à l'histoire. J'aurais peut-être dû... Ça aurait évité à Béru et au beau San-Antonio de se trouver dans la situation la plus effarante de leur brillante carrière. Et comme dit ce grand intellectuel de Bérurier : " Ménage tes méninges ", gars, et prépare tes mécaniques.
Avez-vous déjà vu un personnage obèse, cradingue, vinasseux et violacé, en pantoufles, maillot de corps gris (mais qui fut blanc jadis), portant un pantalon de coutil rapiécé, affublé d'un véritable sombrero mexicain se prélasser dans les fauteuils du Boeing Paris-Tokyo ? Assurément non ! Pour se délecter d'une pareille situation, il faut avoir lu " Fleur de nave vinaigrette ". Au passage : savez-vous comment se traduit "Fleur de nave" en japonais? "Bey-Rhû-Ryé" ! Rigoureusement authentique !Si vous ne me croyez pas, consultez votre judoka habituel.
Connaissez-vous Stinginess Castle ? Au fin fond des Highlands, en Ecosse, ce château se dresse sur une colline dans les brumes britanniques. Un nouveau fantôme le hante depuis quelque temps. Et un fantôme de poids ! Il a pour nom: BERURIER ! Et si vous saviez ce que le Gros et votre valeureux San-Antonio maquillent dans ce château de cauchemar, vous en auriez la chair de poule. Un renseignement : si vous entendez un craquement dans la pièce d'à côté pendant que vous lisez ce chef-d'oeuvre, ne cherchez pas, c'est le fantôme de quelque Mac !
Mes funérailles étaient prévues pour dix heures, mais dès neuf heures, la maison était déjà pleine de gens. Tout le monde pleurait, ce qui me touchait beaucoup. Sur les faire-part on avait précisé " ni fleurs ni couronnes ", histoire de ne pas mettre les copains dans les frais, mais, nonobstant cette recommandation, la plupart des assistants s'annonçaient avec des gerbes, des couronnes, des coussins d'oeillets, des croix en roses et autres joyeux présents. Oui, il faut vraiment mourir pour mesurer le degré de sa popularité. J'en étais tout ému. Mais quand j'ai vu radiner le Gros, beau comme une pissotière repeinte, dans un complet noir, avec une chemise vraiment (et très provisoirement) blanche, soutenu par Alfred le coiffeur, mon coeur m'est remonté dans le gosier.
Je m'agenouille et je palpe la terre battue. Un contact terrifiant me court-circuite les centres nerveux. Je viens de rencontrer une main. Elle est froide. Je dompte ma répulsion et je palpe encore. Après la main vient le poignet, puis l'avant-bras, puis le bras, l'épaule... Un cadavre! Il y a un cadavre dans la cave à vin.
A peine ai-je franchi le seuil que je m'arrête, pétrifié par la surprise. La môme Danièle fit au bas de l'escalier, la tête sur le carrelage du vestibule. Elle a la coquille fêlée et une mare de sang achève de se figer. Je m'agenouille auprès de la pauvrette et je glisse la main entre ses roberts. Partie sans laisser d'adresse.
L'homme cagoulé est en train d'affûter la lame courbe d'un cimeterre. Le cimeterre marin dont causait Valéry. Ce cimeterre-là va m'expédier au cimetière sur une vraie meule. Une meule électrique, siouplaît, ce qui m'inciterait à penser que nous sommes dans un atelier.
Je file un coup de périscope hors de ma tire et j'avise une Aronde qui se pointe à ma hauteur. L'espace d'une seconde, je me dis qu'il s'agit peut-être d'un coup fourré organisé par des malfrats qui en voudraient à mes os préférés, mais je décide que des truands ne klaxonneraient pas pour se signaler à mon attention et que, d'autre part, ils ne rouleraient pas dans une Aronde. Alors je lève le pied...
Il y a des jours où c'est pas votre jour ! C'est pas Bérurier qui me contredira ! Pourtant, il était plutôt batouze avec son élégant costume aubergine et ses bottes de pêche... Paré qu'il était pour assister à la grande rencontre de football France- Exéma ! Il est balèze, le Béru, seulement de là à affronter les onze joueurs de l'équipe de France... Dimanche mémorable qui a marqué le début de la plus fantastique enquête de ma carrière. Et si les balles ont plu sur le terrain, c'était pas toujours en direction des buts !