Voilà maintenant que le Boss me fait prendre les patins de ses amis ! Il faut reconnaître que le turbin qui échoit sur la tête de son pote est de first quality ! Jugez plutôt : son fils va être cravaté de chanvre incessamment et peut-être avant par la justice britannique. Je vêts l'habit ecclésiastique pour rencontrer le condamné. Brusquement, je sens que ce mec est innocent. Une drôle de sérénade en perspective !
Ouvrages
Un petit loulou de Poméranie qui se tortille dans la clarté de mes phares. Il vient de se faire ratatiner par une bagnole. Moi, bonne pomme, je descends pour lui administrer la potion calmante et définitive. Et voilà ! Je viens de mettre le doigt dans un engrenage qui conduit à une Joconde au sourire plutôt inquiétant.
Le gars qui pourrait me prouver par a + b qu'il a, au cours de son existence, exécuté une besogne plus débectante que celle à laquelle je me livre depuis une huitaine de jours aurait droit, selon moi, au salut militaire, au salut étemel et à une place assise dans les chemins de fer. Faut vraiment avoir le palpitant arrimé avec du gros filin pour tenir le choc. Et je le tiens, moi, le choc, parce que mon job c'est justement de ne pas faire la fine bouche. Voilà une semaine que je visite les morgues de France à la recherche d'un cadavre...
Si je voulais l'envoyer rejoindre Crâne pelé dans la baille, je n'aurais qu'une bourrade à lui administrer. Mais je ne tiens pas à procéder ainsi car ce faisant je perdrais le plus important témoin de mon affaire. Et comme ce témoin est par la même occasion le principal inculpé, vous comprendrez sans qu'on vous l'écrive au néon dans la cervelle que je sois enclin à ne pas me séparer de lui. Un inculpé de cette catégorie, je l'aurai payé le prix !
Lorsque votre chef vous demande à brûle-pourpoint ce que vous pensez d'un copain, on ne peut que la boucler un instant, ne serait-ce que pour se demander ce qui le pousse à poser une question pareille et aussi comment on va y répondre. Le grand patron est agité. Il est adossé au radiateur, ou plutôt, comme il mesure deux mètres, il est assis dessus. Il passe sans arrêt sa main fine sur son crâne en peau de fesse véritable. Ses yeux bleuâtres me considèrent avec intérêt. Je sens qu'à moins d'accepter de passer pour une truffe le moment est venu de me manifester. Je me racle le gosier. -Wolf, je balbutie... Wolf... Ben, c'est un bon petit gars, non ? - Non, San-Antonio: Wolf n'est pas un bon petit gars, et vous le savez aussi bien que moi...
Quand j'étais môme et que ma bonne vieille Félicie m'emmenait en vacances à la montagne, dans le Jura, j'adorais fureter du côté de la scierie. J'ai toujours aimé l'odeur du bois fraîchement coupé et le grincement plaintif des scies mécaniques mordant le sapin... Non, ne croyez pas que je cherche à vous pondre de la Haute Littérature, ni que le bucolique (néphrétique) soit à l'ordre du jour, car je vous jure que cette passion de mon enfance, je l'ai perdue... A tout jamais... Car présentement, je me trouve lié sur une de ces scies qui faisaient mon admiration... Et c'est moi qui fais le rondin. La lame se trouve très exactement à 1 mm de mon buste et je ne dispose plus que d'un centième de seconde pour agir... C'est ce qui s'appelle avoir du pain sur la planche.
Il y a une multitude de choses dont j'ai horreur. Les jeunes filles de plus de quatre-vingt-dix-sept ans, tout d'abord. Le poisson mal cuit, aussi. Puis les liaisons mal-t-à-propos ; les ouatères de wagons de seconde classe ; les bitures de Bérurier et les imparfaits du subjonctif de Pinaud. Mais s'il y a une chose qui m'énerve par-dessus tout, qui me file au bord du delirium très mince, c'est qu'on s'asseye sur mon chapeau... Surtout au cinéma... Surtout quand on l'a fait exprès... Surtout quand c'est le dargeot d'un truand qui est l'outrageur... Surtout quand tout ça cache le commencement d'une aventure insensée !
Un patron de bistrot portant, dans son arrière-salle, une épée à la taille, surtout au XXéme siècle, c'est assez extraordinaire. Mais franchement où ça se corse (chef-lieu Bastia - histoire de fomenter une petite guerre civile), où ça se corse, disais-je, c'est quand l'épée n'est pas à la taille du type, mais à travers la taille... Je tiens aussi à vous préciser que cette découverte n'est pas faite pour me réjouir, vu que l'épinglé était mon seul contact dans ce foutu bled... Pour lui, le contact a été plutôt rude, et pour moi, il risque de l'être aussi, je le crains, car j'entends déjà mugir, au loin, une sirène de police...
Avez-vous vu un morse jouer du saxophone ? Non ? Moi non plus, à vrai dire, mais je ne désespère pas. En revanche, je vous jure, mes amis, que j'ai déjà entendu un saxophone jouer du morse : dans un cabaret ! Au début, je n'y prêtais pas attention, vu que tout mon intérêt était porté sur la ravissante créature assise à mon côté. Moi, vous me connaissez... Très enclin à la bagatelle, mais jamais dépourvu du sens du devoir. Si vous pouviez savoir ce qu'il racontait, ce saxo, sous ses airs langoureux... Vous m'excuseriez d'avoir laissé tomber la fille ! Mais vous n'allez pas tarder à le savoir, fidèles comme je vous connais.